Xavier

retraité de l’éducation nationale, 65 ANS, vit à Hérouville-saint-clair (Calvados)

 

photo © Marco Barbon

Entretenir le don du pardon

 

Un premier départ du domicile conjugal a eu lieu en novembre 2004 : mon épouse visiblement n’allait pas bien. Pourquoi? Elle ne m’en aura jamais rien dit. Elle a quitté la maison avec les deux enfants, pris malheureusement en otage. Errante, pendant une semaine, avec les enfants ballotés ici et là, elle était hospitalisée en psychiatrie huit jours plus tard, (et ce pour la deuxième fois dans sa vie car elle avait connu une première hospitalisation à l’âge de 20 ans). J’ai pu alors récupérer les enfants, en pleurs et complètement démolis. Lors de sa sortie de l’hôpital psychiatrique, vers le mois de février 2005, un traitement assez lourd était mis en place, qui n’aurait jamais dû être interrompu, d’après les renseignements fiables que j’ai pu ensuite obtenir. Las! La maman mit fin à son traitement, de manière unilatérale et peu à peu, vers novembre 2005, les mêmes problèmes sont réapparus.
Et ce, jusqu’à un deuxième départ, en février 2006. Ce mois de février 2006, lorsque mon épouse a quitté, pour la deuxième fois, le domicile, en prenant avec elle les enfants sans leur demander leur avis - ni le leur, ni le mien (comme la première fois). J’ai dû me résoudre à demander le divorce, de manière à sauver la garde des enfants, une garde alternée bien entendu. Si je n’effectuais pas cette demande, je me désintéressais de facto de son départ et donc des enfants. Je n’avais pas le choix. Cette rupture de la vie conjugale a constitué pour moi un séisme ainsi que pour les enfants qui avaient alors 6 et 8 ans. J’ai vu leur souffrance. Vainement j’ai recherché, via mon avocat, un accord pour nous entendre sur une garde alternée que la mère des enfants refusait absolument. Contre l’avis de la maman, la garde alternée était accordée.

En octobre 2010 mes deux enfants m’ont été enlevés, le jour anniversaire des 11 ans de mon fils, ma fille étant quant à elle juste à la veille de ses 13 ans. Un scénario prémédité dès les mois de mai-juin 2010, longuement et savamment calculé, particulièrement sournois, d’un commun accord semble-t-il entre ma fille et sa mère, qui n’avaient pas mis dans la confidence le petit dernier, qui ne devait rien savoir. Hélas, le Juge a validé la méthode - qu’il qualifiait pourtant lui-même de « radicale » - de la mère des enfants. Et la garde lui a été confiée en totalité. Mon fils a ensuite réclamé de revoir son papa, et j’ai pu obtenir, en 2011, le concernant, un droit de visite élargi. Tout se passait bien. Il était heureux de me voir. Mais le 14 avril 2015 il m’a brusquement dit qu’il ne voulait plus venir chez moi. Du jour au lendemain, je ne l’ai plus jamais revu. Il avait 16 ans. Aujourd’hui, je suis sans aucune nouvelle de lui : ce qu’il fait, où il réside, son numéro de téléphone. Rien. 
Je n’ai plus revu ma fille depuis ce mois d’octobre 2010. Même situation. Aucune nouvelle.
Quoi que dûment sollicitée, à plusieurs reprises et explicitement au sujet d’un processus d’exclusion parentale, la Justice aux Affaires Familiales n’a jamais statué à ce sujet, se contentant d’arbitrer sur les modes de garde et le niveau de pension. Sur le fond, la question de l’exclusion parentale n'a jamais été évoquée. La Justice s’est contentée d’ordonner deux médiations familiales. Bien que je les aie acceptées, aucune de ces médiations n’a pu aboutir. 
Prier, continuer d’espérer. Entretenir le don du pardon et l’espoir de les revoir.

Xavier, novembre 2023

 

photo © Marco Barbon

Je ne savais pas que j’étais ton ‘spesial papa’ terrassant le dragon....
— Xavier