Céline

ENSEIGNANTE, 47 ANS, vit à LA RÉUNION

 

photo © Marco Barbon

L’arbre du bonheur

 

Je suis séparée de mon ex-mari depuis 2016. Nous avons vécu vingt-cinq ans ensemble et avons quatre beaux garçons qui ont maintenant : 13, 17, 19 et 21 ans. 
Dès notre séparation, l’enfer a commencé. Nous avons cohabité dix mois et très rapidement les enfants ont pris partie, sans s’en rendre compte bien sûr, et un conflit de loyauté extrême s’est mis en place. Lorsque j’ai quitté la maison, seul Dylan, le plus jeune, a souhaité venir avec moi. Pour les grands c’était plus compliqué pour l’organisation. J’ai immédiatement voulu mettre en place une garde alternée mais en vain. Chaque fois que je pouvais les recevoir, c’était très tendu avec les deux aînés. J’ai vécu des moments horribles, d’une douleur extrême. À plusieurs reprises j’ai du appeler la gendarmerie pour qu’ils viennent m’aider. J’ai eu une plainte contre moi pour violence sur les trois aînés, qui heureusement a été classée sans suite!
J’ai porté plainte des dizaines de fois pour non-présentation d’enfants mais le mal était fait. Les jugements, l’enquête sociale, psychologique, systémique et l’AEMO, bien qu’ils aient pointé le problème, n’ont malheureusement pas stoppé ce tourbillon infernal d’exclusion.
Je n’ai plus revu Andrew, Thibaut et Sacha depuis 2018. Je n’ai plus aucune nouvelle. L’été 2021, j’apprends que le père à obtenu une mutation à la Réunion. Il ne m’avait rien dit et rien n’avait été fait auprès de la justice. On a donc saisi avec mon avocate la juge et je n’ai pas pu faire autrement que de laisser partir les enfants avec lui… le rêve de vivre là-bas avait été bien vendu et puis j’étais devenue inutile et si peu considérée.
J’ai revu Dylan aux vacances scolaires mais là aussi je sentais que je le perdais.

J’ai donc décidé de partir vivre là bas. Vivre loin d’eux m’était insupportable. J’y vis depuis août 2022 et, comme je le pressentais, je ne vois plus Dylan depuis maintenant un an.
Je crois que chaque parent qui vit cette expérience pourrait écrire un livre. Je suis toujours debout, JAMAIS je ne m’effondrerai, car je garde espoir qu’un jour ils reviennent frapper à ma porte.

Céline, mars 2023

* pour préserver leur anonymat, les prénoms des enfants ont été modifiés