Ludovic

enseignant, 50 ans, vit à ORLÉANS (LOIRET)

 

photo © Marco Barbon

L’escalade en milieu naturel a toujours été un prétexte au voyage, pour cela nous avons un camping-car aménagé pour l’Aventure…

 

Il y a deux catégories de parents. Celle qui voit ses gosses grandir et celle qui succède malheureusement à leur progéniture dans un destin tragique, en effectuant un « deuil » plus que relatif dans pareille situation. Et puis il y a une troisième catégorie, celle du parent littéralement coupé de ses enfants, comme si ces derniers étaient morts alors que paradoxalement ils sont toujours en vie, plongeant le père que je suis dans un entre-deux délétère aux allures de purgatoire.
L’histoire du lien avec mes enfants a été très fort. J’ai pris un congé parental d’un an à la naissance de ma fille. Père présent, à l’écoute, ferme par moment, j’ai toujours fait en sorte que mes enfants ne manquent de rien et les ai accompagnés dans de nombreux domaines (scolaires, sportifs, artistiques…). Mes amis m’appelaient « Papa Poule ».
Moi j’ai perdu mes poussins en mars 2020, enlevés, coupés puis dressés contre moi. Bien entendu je ne me suis pas laissé faire et me suis attaqué à cette montagne d’injustice par son versant juridique, le plus âpre, le plus aléatoire, avec pour guide une avocate de la première heure et des proches pour compagnons de cordée.
Oui une histoire sordide.
Audiences – reports, conclusions – contre conclusions, expertise, espace accueil, dépôts de plaintes… m’ont permis de voir sur plusieurs années un système engorgé, parfois dépourvus de solutions adéquates ; ainsi que la nature humaine dans sa cupidité, sa vénalité, son mensonge et sa manipulation outrancière.
Au final ma fille me fuit comme un démon, quant à mon aîné : pas de son, pas d’image!
Le soir l’ordi se met en veille, les photos défilent de manière aléatoire et se font le témoin de nos vies riches en émotions et en complicité.
Oui mesdames, messieurs une histoire sordide où l’on se demande comment un parent soi-disant aimant puisse concevoir que ses enfants grandissent sereinement en les coupant de l’autre parent.
Amputé de mes enfants je suis aujourd’hui dans la catégorie « paralympique ». Mon quotidien n’est plus le même mais, les expériences vécues me montrent, comme pour ces sportifs handicapés que la vie sait se montrer ténue, surprenante, résiliente… et à la manière d’une série télé je reste persuadé qu’il y aura une prochaine « saison ».
Alors à suivre…


Ludovic, septembre 2023

Amputé de mes enfants je suis aujourd’hui dans la catégorie « paralympique ». Mon quotidien n’est plus le même mais, les expériences vécues me montrent, comme pour ces sportifs handicapés, que la vie sait se montrer ténue, surprenante, résiliente…
— Ludovic