Sylvain

Employé de banque, 47 ans, vit à DARVOY (Loiret)

 

photo © Marco Barbon

Notre fusée à eau

 

Après avoir une relation de 15 ans avec ma conjointe et avoir eu en 2011 une fille - Julie * - avec elle, nous nous séparés  physiquement fin février 2020.
Dès le début j’ai senti ma fille changer (insolence et mauvais comportement) et cela n’allait pas en s’arrangeant. Je voyais ma fille un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Nous sommes passés par une médiation familiale, mais après la troisième séance de médiation arriva le confinement. 
Pendant le confinement je n’ai pas ressenti de souplesse venant de mon ex pour la garde de Julie et elle n’a clairement pas joué le jeu. Le peu où je voyais Julie, j’avais des reproches... Mon ex dirigeait depuis chez elle mes activités avec ma fille. Je sentais que ma fille m’échappait vraiment. 
C’est alors que mon ex a annulé unilatéralement le contrat de médiation et a pris un avocat.
J’ai réussi à voir quand même ma fille jusqu’à la première semaine des congés scolaires de juillet 2020. Le 3 juillet Julie, que je devais avoir pour la semaine, a fugué de la maison. Elle est partie vers 23h20 … directement à la gendarmerie (à 500 m de la maison, alors que sa mère habite à 600 m de l’autre côté).
Vous n’imaginez pas la peur et l’incompréhension que j’ai eu quand les gendarmes sont venus me la ramener au bras de sa maman que les gendarmes avaient pris le soin d’aller chercher avant de venir… Bien entendu les gendarmes ont fait leur travail et nous avons eu droit à un sacré interrogatoire (ma mère et moi, car c’était son anniversaire 69 ans - nous avions avec ma fille passé une belle soirée avec cadeau etc…). Heureusement que ma mère était là pour témoigner que rien ne justifiait cette fugue .
Du coup ma fille a rejoint ce soir-là le domicile de la maman... 
Nous avons essayé de discuter le lendemain avec mon ex conjointe de ce fâcheux événement. 
Il s’avère que la maman avait connaissance que ma fille voulait se sauver de la maison et elle ne m’a pas prévenu… Elle avait même appelé SOS enfants qu’elle voulait fuguer... la soirée qui avait précédé la fugue! Et comme cela ne suffisait pas .. ma fille a appelé depuis chez sa mère le matin de la fugue SOS enfant maltraités!!!
Donc j’ai eu la visite d’une assistance sociale qui a écouté Julie, moi, puis à visité ma maison : elle en a conclu qu’il n’y avait bien évidemment pas de danger pour Julie chez moi. Elle m’a conseillé de saisir le JAF également même si mon ex l’avait fait de son côté. Mais le mal était fait.
De plus suite à cela mon ex ne m’a pas présenté ma fille pour partir en vacances. Il n’y avait personne à leur domicile… J’avais pourtant réservé une maison en Bretagne avec ses petites cousines…
Depuis tout ces événements j’ai, par le biais de mon avocat, monté mon dossier avec attestation de témoignage et mon avocat a assigné en urgence mon ex-conjointe . 
En parallèle j’ai reçu via l’avocat de mon ex sa simple requête qu’elle avait fait en date du 17 juin (avant la fugue) au JAF dans laquelle elle demandait que puisse voir Julie seulement de 13h30 à 18 h le samedi et pareil le dimanche... tous les quinze jours! Sans hébergement et sans vacances scolaires! Étant une simple requête, nous devions passer devant le JAF le 16 février 2021. Mais ma fille de 9 ans avait « demandé d’être entendue par le juge». Elle ne sait d’ailleurs pas trop ce qu’elle me reproche. 
Heureusement que l’assignation de mon avocat est passée devant et nous passons donc devant le JAF le 9 novembre 2020. Mais cela n’a pas arrangé les choses. Et elles se sont alliées toutes les deux et du coup je n’ai pas eu ma fille non plus pour les vacances d’octobre.
Julie ne dort plus chez moi depuis le 8 juillet 2021. Sa mère exigeait que je la ramène le samedi soir pour aller la rechercher le dimanche matin.  

J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur le sujet. Je suis suivi par une psychologue, ma fille aussi mais par une psy choisie au départ par sa maman - psy que j’ai réussi a rencontrer mais je n’ai pas l’impression d’être entendu. 
J’ai déposé plainte 8 fois pour non-représentation d’enfant.
Comment se faire entendre? Car à force de raconter les choses j’ai l’impression de me justifier à chaque fois. 
Heureusement je n’ai pas moins de 50 attestations, d’amis, de famille et de collègues qui disent que je suis un bon père et que je me suis toujours bien occupé de Julie. Mais bien que je sois entouré, je me sens bien seul. 
Julie a de nouveau « fugué » le dimanche 12 septembre 2021, elle est partie chez des amis communs en disant que je l’avais tapée et elle a appelé les gendarmes (je l’avais avec moi un samedi après midi et dimanche après midi tous les 15 jours). 
Sa maman en a profité pour demander une assignation en urgence avec accusation d’attouchement, violence et harcèlement. Le juge a préféré suspendre mes droits de visite en attendant l’enquête des services sociaux . Cela fait donc depuis le 12 septembre 2021 que je n’ai pas vu ma fille.
Le compte rendu des services sociaux est tombé jeudi 22 septembre 2022, confirmant un gros conflit de loyauté et préconisant une AEMO avec visites médiatisées en lieu neutre. 
Le 24 janvier 2023, le juge se positionne sur une AEMO pour une reprise des liens de Julie avec moi. 
Un premier rendez-vous est proposé par AEMO le 11 avril mais j suis absent ce jour, donc il est reporté au 15 mai 2023.
Je vis très très mal ce premier rendez-vous, j’ai l’impression de revenir au niveau N-1 et devoir tout expliquer une nouvelle fois… et je sens déjà le parti pris en faveur de la maman. 
On me dit d’emblée : nous ne voulons pas être maltraitants envers Julie en organisant des visites médiatisées avec vous… Je suis tout retourné et déstabilisé. Je m’entend dire également que si ma fille ne veut pas être suivie par un psychologue il faut l’écouter, alors que le juge des enfants a décidé que l’on devait changer de psy…

Sylvain, mai 2023

* pour préserver son anonymat, le prénom de l’enfant a été modifié

 

photo © Marco Barbon